Sarah Wattelet - Psychologue clinicienne & sociale
L'approche centrée sur la personne
Développée par le psychologue humaniste Carl Rogers, l'approche centrée sur la personne (ou ACP) vise à accompagner les personnes qui consultent (client·es ou patient·es) en les plaçant au coeur des entretiens, ce qui implique l'adoption d'une posture non-directive. Ainsi, plutôt que de suivre un ordre du jour précis par un déroulement en questions (côté psychologue) - réponses (côté patient·e/client·e), les entretiens visent à laisser les personnes en consultation s'approprier celle-ci en en (co-)créant les thèmes de discussion et de réflexion commune.
Une métaphore rogerienne fréquemment réutilisée pour mieux appréhender cette approche est celle de la pomme de terre dans une cave : une patate laissée dans l'ombre et l'humidité d'un sous-sol tend à développer des racines qui, si lumière il y a, se dirigent vers sa source. L'idée de la métaphore est ainsi de relier la croissance des racines de la pomme de terre lorsqu'elle est en milieu inhospitalier à ce que Rogers appelle la tendance actualisante. Cette notion désigne le déploiement de ressources que chaque personne est à même de mettre en oeuvre pour se diriger vers un mieux-être. Pour l'auteur, cette tendance se manifeste notamment par la recherche d'aide initiée par la personne qui se décide à consulter un·e psychologue qui, pour sa part, s'essaiera à être le meilleur "tuteur de plante" possible pour soutenir l'épanouissement des racines (ressources) vers la lumière (mieux-être).
À cet effet, les psychologues de cette approche incarnent une attitude guidée par trois concepts majeurs : la considération positive inconditionnelle, la congruence et la compréhension empathique. La considération postivite inconditionnelle implique une attitude bienveillante et chaleureuse envers les persones qui consultent, qui seront accueillies pleinement, sans jugement, telles quelles sont et sans condition. La congruence nécessite, de la part des psychologues, une forme d'authenticité entre ses divers canaux de communication, ses émotions et pensées ; autrement dit, une cohérence entre ses états interns et externes visant à se montrer transparent·es et à éviter de générer de la confusion pour les patient·es/client·es. Finalement, la compréhension empathique requiert que, de leur place, les psychologues parviennent à assimiler ce que leur racontent les personnes en consultation en s'essayant d'employer le référentiel propre à ces personnes, c'est-à-dire en laissant de côté leurs préférences et croyances personnelles afin de mieux entrer en résonance avec l'univers des patient·es/client·es.